Léon Gromier, Le parement de l’autel (Caeremoniale episcoporum 1, 12, 11)

[Sed si altare haberet plures gradus, ita ut faldistorium in pavimento positum remaneret nimis depressum, posset ei supponi aliquod suggestum seu tabulatum æqualis altitudinis a terra cum infimo gradu altaris, si super eo sessurus sit proprius Episcopus celebrans, qui tamen regulariter non in faldistorio, sed in propria episcopali sede stare et sedere debet. Ipsum vero altare majus in festivitatibus solemnioribus, aut Episcopo celebraturo, quo splendidius poterit, pro temporum tamen varietate et exigentia, ornabitur: quod si a pariete disjunctum et separatum sit, apponentur, tam a parte anteriori quam posteriori illius, pallia aurea, vel argentea, aut serica, auro perpulchre contexta, coloris festivitati congruentis, eaque sectis quadratisque lignis munita, quæ telaria vocant, ne rugosa aut sinuosa, sed extensa et explicata decentius conspiciantur. Tum in superna linea mappæ mundæ tres saltem explicentur, quæ totam altaris planitiem et latera contegant. Nullæ tamen coronides ligneæ circa altaris angulos ducantur, sed earum loco apponi poterunt fasciæ, ex auro vel serico elaboratæ, ac variegatæ, quibus ipsa altaris facies apte redimita, ornatiorque appareat. Supra vero in planitie altaris adsint candelabra sex argentea, si haberi possunt; sin minus ex aurichalco, aut cupro aurato nobilius fabricata, et aliquanto altiora, spectabilioraque his, quæ cæteris diebus non festivis apponi solent, et super illis cerei albi, in quorum medio locabitur crux ex eodem metallo, et opere præalta, ita ut pes crucis æquet altitudinem vicinorum candelabrorum, et crux ipsa tota candelabris superemineat cum imagine Sanctissimi Crucifixi, versa ad interiorem altaris faciem. Ipsa candelabra non sint omnino inter se æqualia, sed paulatim, quasi per gradus ab utroque altaris latere surgentia, ita ut ex eis altiora sint immediate hinc inde a lateribus crucis posita. (Caeremoniale Episcoporum, 1, 12, 11)]

11. Pourtant si l’autel avait un nombre de marches tel qui fit paraître trop bas le faldistoire posé sur le pavement, et si le célébrant était l’évêque diocésain, on pourrait placer sous le faldistoire une petite estrade égale en hauteur à la plus basse marche de l’autel.

Le grand autel sera orné en proportion des fêtes, et selon l’exigence du temps liturgique. On y met un parement d’étoffe de la couleur des ornements, décoré d’or, ou d’argent, ou de soies nuancées. Les parements sont cloués sur des cadres de bois pour qu’ils restent bien tendus (et de maniement plus facile). Des moulures de bois (ou de métal) ne doivent pas encadrer les angles de l’autel, ni les parements. Ces derniers sont garnis en haut d’une bande horizontale plus ornée, qui semble superposée au parement. Si l’autel se trouve isolé entre le chœur et la nef, on y met deux parements, un sur chaque face.

Le parement, posé sur la plate-forme de l’autel et sur son tapis, y est protégé par une moulure mobile, en bois ou en métal, de même longueur, posée contre lui. Il est maintenu debout par deux attaches qui partent des deux montants verticaux et se fixent à la paroi de l’autel, sous la nappe tombant de chaque côté. Dans les
cérémonies où il y a changement de couleur, on met deux parements, celui de la première couleur par-dessus l’autre; ensuite on l’enlève quand il faut découvrir le second.

Le parement forme le complément principal de l’autel; il est d’effet inimitable, irremplaçable. On souffre en voyant que les anglicans le comprennent mieux que nous. Le parement n’est pas une simple décoration de l’autel, mais bien un habillement dû à l’autel. Ce droit à l’habillement est promulgué, expliqué par le
Pontifical, vers la fin de la consécration de l’autel, et dans la deuxième monition que fait l’évêque en ordonnant les sous-diacres. Si, de toute antiquité, le siège épiscopal doit être vêtu, à plus forte raison, dans la liturgie actuelle, l’autel ne doit pas se trouver dépouillé. Entre deux défauts, celui d’un parement n’ayant pas la couleur voulue, et celui du manque de parement, le Missel donne la préférence au premier. Si l’on dépouille l’autel pour le Vendredi saint, cela veut dire qu’il doit être vêtu les autres jours. Pour couvrir l’autel en superficie et sur ses deux faces latérales on n’a rien que les nappes; pour couvrir sa face antérieure, ou les deux faces visibles, on n’a rien que les parements. L’un ne [117|118] remplace pas l’autre. Un autel avec nappe, sans parement, est à moitié vêtu, demi-nu. Si sa face antérieure (ou les deux faces visibles) reste découverte, pourquoi le couvre-t-on sur ses côtés? Quand, pendant la messe, la table de l’autel porte cinq toiles: toile cirée ou chrémeau, plus trois nappes (on n’a jamais bien su pourquoi), plus corporal; et même six toiles à la messe papale, avec la nappe supplémentaire dite Incarnatus; croit-on alors raisonnable de ne pas couvrir la façade qui se voit le mieux? Entre autres preuves, les inventaires montrent que le parement était d’usage presque universel jusque vers la fin du XVIIIe siècle. Maintenant il trouve son refuge dans les musées, et aux enterrements qui payent bien. Laisser périr de consomption les rares qui existent, ne point en faire de neufs, passe pour très normal. Les soi-disant restaurateurs de la liturgie se gardent bien d’en parler.

Sur l’autel on étend trois nappes, qui couvrent toute la table et les deux faces latérales.

Les éditions anciennes du C. E. [Cæremoniale Episcoporum] portaient supernæ lineæ mappæ; ce qu’on traduisait par: surnappes de lin; les éditions modernes donnent in superna linea mappæ; ce qui n’a pas de sens dans la phrase.

Sur la table de l’autel on place six chandeliers d’argent si possible, autrement de cuivre doré ou argenté; ils seront plus remarquables aux fêtes qu’aux jours ordinaires: on y met des cierges de cire blanche. Au milieu des chandeliers va la croix, de mêmes métal et travail; sa dimension est telle que son pied égale la hauteur des plus hauts chandeliers, et que toute la croix les dépasse, avec le crucifix tourné en face du célébrant. Que les chandeliers ne soient pas tous égaux; mais que, par paire, ils s’élèvent graduellement de chaque côté de l’autel, les deux plus hauts ayant la croix entre eux.

Le C. E. suppose que l’autel n’a pas de gradin. Pour la croix et les chandeliers la gradation du métal comprend or, argent, cuivre, bronze. Ce dernier convient au Vendredi saint et aux offices funèbres.

Cfr. L. GromierCommentaire au Caeremoniale Episcoporum, Paris, La Colombe, 1959, pp. 117-118.

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